Légende de Téa Kanaké, l'homme aux cinq vies ou l'homme lézard
Une promenade à travers 5 jardins :
« le rituel du chemin de la coutume »
Téâ Kanaké, porteur de la vie, est l’aîné de trois frères (comme il y a trois pins colonnaires), nés d’une dent que le géant de la magie a arrachée du sommet du mont Ceüma et placée sous la lumière de la lune. C’est la première phase du mythe décrit dans le premier jardin du Centre Tjibaou.Dans une autre version du mythe des origines, la lune jette à la mer un gâteau d’igname, enveloppé de feuilles de taros d’où naîtront les premiers êtres et notament Téâ Kanaké mi homme mi lézard !!.
Cette naissance enclenche un processus d’élévation sur l’échelle des êtres : " Moi, un jour anguille, lézard, homme—lézard. L’os de la fougère purawa redresse mon coeur en homme. " Le nom de la fougère arborescente, toujours d’après le Guide des plantes, " signifie le commencement du pays des hommes, car elle évoque les origines. Plusieurs clans considèrent que l’Ancêtre est sorti de son tronc creux provoquant leur apparition au monde. " (p.10) Ici, elle enveloppe le héros naissant.
La volute de la fougère domine le deuxième jardin de Téâ Kanaké qui est, dans le Guide des plantes, celui de " la terre nourricière " : là, le héros " cultive les ignames et fait pousser le taro " (p. 17). La première est le symbole de l’homme et le second, classé parmi les plantes humides, se situe du côté du féminin. Leur union est signe de fécondité et d’abondance.
Mais c’est dans la terre des ancêtres que Téâ Kanaké doit entrer : passant de la " nature à la culture ", il rencontre " la monnaie kanak " qui joue un rôle majeur dans le système des échanges coutumiers et " représente l’ancêtre et véhicule la parole " (Guide Mwakaa, p. 60). Faite de végétaux et coquillages maintenus ensemble par une corde, elle permet d’identifier le clan qui l’utilise. C’est pourquoi la planche montrant la troisième étape de l’initiation comporte, après l’appel du notou dans la forêt, la case que le héros doit construire et une " monnaie " énigmatique. Car Téâ Kanaké n’est autre que :
" Lui ! La tête de la monnaie, la bouche et le corps de la parole secrète ".
Le héros a reconnu sa terre et s’avère capable " d’aider les infortunés " : sur la planche qui correspond à cet état, les plantes nourricières (la canne à sucre) et les fruits (bananes, noix de coco, etc) se répandent en abondance et aussi paraît la cordyline annonçant la terre des esprits, à laquelle le banian donnera accès : la route, elle-même, s’enroule comme une crosse de fougère rougeâtre ! Qualifié par ses épreuves, Téâ Kanaké n’a plus qu’à descendre dans le royaume des esprits, puis, par une dernière épreuve glorifiante, à renaître en traversant " la pierre percée ". Ouverture parfaite du cercle ! S’élevant des profondeurs de la nature vers les hauteurs culturelles de la case et de la monnaie, le héros est redescendu dans le domaine des morts pour naître une seconde fois. Le sombre déploiement d’énergie de cette naissance consacre le "souffle arc-en-ciel" de la Parole .
Téa Kanaké
La découverte du peuple
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